Trois doigts levés, symbole d’une jeunesse birmane imprégnée des idéaux démocratiques et ouverte sur le monde. Depuis que le coup d’État du 1er février a renversé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, le geste se répand en Birmanie, dans les manifestations comme sur les réseaux sociaux. Le salut à trois doigts, issu de la série dystopique Hunger Games, a été récupéré comme un étendard par les opposants au coup d’État birman.

Utilisé pour la première fois par le personnel médical de Yangon la semaine dernière, il avait émergé dans les manifestations de Thaïlande en 2014, raconte le Thaï Inquirer. “Geste de remerciement, de respect, de gratitude ou d’au revoir à un être aimé” dans la célèbre série américaine, le geste “a transcendé son sens originel” pour devenir un symbole de résistance et de solidarité à travers les mouvements démocratiques d’Asie du Sud-Est.

“Au début, beaucoup considéraient ce salut comme un symbole de la Révolution française : liberté, égalité, fraternité, explique le site basé à Bangkok. Pour d’autres, il signifiait liberté, élection et démocratie.”

L’abondance et le caractère international des références illustrent comment le geste s’ancre dans une culture de la contestation populaire et mondialisée à laquelle s’identifie une nouvelle génération de jeunes militants, conscients de l’importance des images pour populariser leurs luttes.

Ce n’est pas le premier signe de ralliement utilisé par les Birmans pour défendre des convictions politiques. “Pendant la dernière dictature militaire, les habitants éteignaient la télévision et la lumière au début du programme du soir du gouvernement militaire en signe de dégoût et de rejet”, rappelle le Thaï Inquirer.

La junte de Min Aung Hlaing peine à étouffer ces formes pacifiques de la contestation. Depuis que les connexions Internet, très perturbées après le coup d’État, ont été partiellement rétablies dimanche, les réseaux sociaux sont inondés de dessins arborant les trois doigts levés.