Les secrets
Chacun des deux enfants à reçu un secret personnel.
* Maximin a livré
le sien au pape en 1851. Il a été révélé
en 2000, bien que connu approximativement avant.
* Mélanie
a livré un résumé du sien au pape en 1851, révélé
en 2000. Elle ne pouvait découvrir le sien qu'après 1858.
Elle l'a fait formellement en 1879.
Le secret de Maximin (1851)
Le 3 Juillet 1851, Maximin écrit
son secret à l’évêché de Grenoble. Sa première
copie étant tâchée, elle est brûlée et
Maximin réécrit proprement une seconde copie. Monseigneur
Bruillard contrôle la lisibilité avant que Maximin ne scelle
le secret. L'enveloppe cachetée est transmise au pape Pie IX.
D'après le Père Corteville,
les enfants font beaucoup de fautes de français, les versions données
ci-dessous sont francisées pour en faciliter la lecture.
Le 19 septembre 1846, nous avons vu une belle Dame. Nous n'avons jamais dit que cette dame fut la Sainte Vierge mais nous avons toujours dit que c'était une belle Dame.
Je ne sais pas si c'est la Sainte Vierge ou une autre personne. Moi, je crois aujourd'hui que c'est la sainte Vierge.
Voila ce que cette Dame m'a dit:
01 Si mon
peuple continue, ce que je vais vous dire arrivera plus tôt , s'il
change un peu, ce sera un peu plus tard.
02 La France
a corrompu l'univers, un jour elle sera punie.
03 La foi
s'éteindra dans la France: trois parties de la France ne pratiqueront
plus de religion, ou presque plus, l'autre la pratiquera sans bien la pratiquer.
04 Puis,
après [cela], les nations se convertiront, la foi se rallumera partout.
05 Une grande
contrée dans le nord de l'Europe, aujourd'hui protestante, se convertira:
par l'appui de cette contrée toutes les autres contrées du
monde se convertiront.
06 Avant
que tout cela arrive, de grands troubles arriveront, dans l'Eglise, et
partout.
07 Puis,
après [cela], notre Saint-Père le pape sera persecuté.
08 Son successeur
sera un pontife que personne [n'] attend.
09 Puis
après [cela], une grande paix arrivera, mais elle ne durera pas
longtemps. Un monstre viendra la troubler.
10 Tout
ce que je vous dis là arrivera dans l'autre siècle, [au]
plus tard aux deux millle ans."
Maximin Giraud
(Elle [m'] a dit de le dire quelque temps avant).
Mon très Saint Père, votre sainte bénédiction à une de vos brebis,
Grenoble, le 3 juillet 1851.
Le secret de Mélanie (1851)
Mélanie
Mélanie
Le 3 Juillet 1851, Mélanie
écrit son secret au couvent des sœurs de la Providence à
Corenc. Elle l'a scellé et l'enveloppe a été portée
à l'évêché. Le jour suivant, elle dit qu'elle
s'était mal exprimée au sujet des tragédies de Paris
et Marseille: « elles semblent simultanées alors qu'elles
sont successives ». Canon Rousselot lui a fait réécrire
le secret, le 6 Juillet, Monseigneur Bruillard lit le document avant de
le sceller. C'est le texte reproduit ci-dessous.
J.M.J.
secret que m'a donné la Sainte Vierge sur la Montagne de la Salette le 19 septembre 1846
Secr[e]t
01 Mélanie,
je vais vous dire quelque chose que vous ne direz à personne:
02 Le temps
de la colère de Dieu est arrivé!
03 Si, lorsque
vous aurez dit aux peuples ce que je vous ai dit tout à l'heure,
et ce que je vous dirai de dire encore, si, après cela, ils ne se
convertissent pas, (si on ne fait pas pénitence, et si on ne cesse
de travailler le dimanche, et si on continue de blasphémer le Saint
Nom de Dieu), en un mot, si la face de la terre ne change pas, Dieu va
se venger contre le peuple ingrat et esclave du démon.
04 Mon Fils
va faire éclater sa puissance!
05 Paris,
cette ville souillée de toutes sortes de crimes, périra infailliblement.
06 Marseille
sera détruite en peu de temps.
07 Lorsque
ces choses arriveront, le désordre sera complet sur la terre.
08 Le monde
s'abandonnera à ses passions impies.
09 Le pape
sera persécuté de toutes parts: on lui tirera dessus, on
voudra le mettre à mort, mais on ne lui pourra rien, le Vicaire
de Dieu triomphera encore cette fois[-là].
10 Les prêtres
et les religieuses, et les vrais serviteurs de mon Fils seront persécutés,
et plusieurs mourront pour la foi de Jésus-Christ.
11 Une famine
règnera en même temps.
12 Après
que toutes ces choses seront arrivées, beaucoup de personnes reconnaîtront
la main de Dieu sur elles, se convertiront, et feront pénitence
de leur péchés.
13 Un grand
roi montera sur le trône, et règnera pendant quelques années.
14 La religion
refleurira et s'étendra par toute la terre et la fertilité
sera grande, le monde content de ne manquer de rien recommencera ses désordres,
abandonnera Dieu, et se livrera à ses passions criminelles.
15 [Parmi]
les ministres de Dieu, et les Epouses de Jésus-Christ, il y en a
qui se livreront au désordre, et c'est ce qu’il y aura de [plus]
terrible.
16 Enfin,
un enfer règnera sur la terre. Ce sera alors que l’Antéchrist
naîtra d'une religieuse: mais malheur à elle! Beaucoup de
personnes croiront à lui, parce qu'il se dira venu du ciel, malheur
à ceux qui le croiront!
17 Le temps
n'est pas éloigné, il ne se passera pas deux fois 50 ans.
18 Mon enfant,
vous ne direz pas ce que je viens de vous dire. (Vous ne le direz à
personne, vous ne direz pas si vous devez le dire un jour, vous ne direz
pas ce que cela regarde), enfin vous ne direz plus rien jusqu’à
ce que je vous dise de le dire!
Je prie Notre Saint Père le Pape de me donner sa sainte bénédiction.
Mélanie Mathieu, bergère de La Salette
Grenoble 6 juillet 1851
J.M.J.+
Notes
4. ? La grande nouvelle
des bergers de La Salette, Michel Corteville, Téqui, 2001
Les
mystères de la Salette révélés, Michel Corteville
& René Laurentin, Fayard, 2002.
source : http://www.christ-roi.net/index.php/La_Salette#Les_secrets
Article d'Yves Chiron - Quotidien
Présent - 6 décembre 2008.
Le 2 octobre 1999, les «
secrets » révélés par la Vierge Marie aux deux
bergers de La Salette, le
19 septembre 1846, ont été
découverts, dans les archives de l’ex-Saint-Office, par l’abbé
Michel
Corteville. Les textes, rédigés
par les deux voyants, Mélanie Calvat et Maximin Giraud, avaient
été
remis au pape Pie IX le 18 juillet
1851. Ils étaient considérés comme perdus.
Ces textes ont fait l’objet
d’une thèse de doctorat en théologie qui a été
soutenue par l’abbé
Corteville en 2000 à l’Angelicum,
l’université pontificale des Dominicains. Cette thèse a commencé
à être publiée,
dans son texte intégral, en 2001. Elle a été reprise,
sous une forme plus accessible à
un large public, dans un ouvrage
publié par l’abbé Corteville et l’inévitable René
Laurentin,
Découverte du secret de La
Salette (Fayard, 2002).
Cette découverte, inespérée,
de 1999 est un événement considérable pour l’historiographie
de La
Salette. Les versions du secret
révélé à Mélanie, qui avaient été
publiées précédemment, notamment
celle publiée en 1879, avec
l’imprimatur de Mgr Zola, évêque de Lecce, s’en trouvent en
partie
confirmées et en partie rectifiées
sur certains points importants.
Cette découverte est-elle
aussi un événement considérable pour l’Eglise d’aujourd’hui,
un
événement qui vient
à son heure pour aider et éclairer les fidèles d’aujourd’hui
?
On remarquera d’abord que
cette découverte du texte original de La Salette n’a pas cassé
les
vieux réflexes des uns et
des autres. En 1991, le P. Stern, considéré comme un des
principaux
spécialistes de La Salette,
estimait, dans sa volumineuse trilogie sur le sujet, que le texte publié
en
1879 était une extrapolation,
autant dire un tissu d’affabulations pieuses. Selon lui, « les secrets
entendus par Maximin et Mélanie
le 19 septembre 1846 concernent les voyants eux-mêmes ».
Cette affirmation, pour le
moins imprudente, date d’avant la découverte de 1999. Pourtant,
en
2006 encore, le chapelain du sanctuaire
Notre-Dame de La Salette, a publié un livre sur l’apparition
de 1846 (Maurice Tochon, La Salette,
Editions de Paris) où il ignore le texte authentique publié
ou
feint de l’ignorer. Il se contente
de traiter par le mépris des « documents, présentés
comme ”les
secrets de La Salette” [qui] ne
font guère que recopier des documents du même genre qui circulent
depuis la restauration religieuse
et politique. »
Inversement, nombre de ceux
qui prennent au sérieux le « secret de La Salette »
persistent à se
référer, et à
publier, le texte édité en 1879, alors qu’il n’est pas le
texte authentique du secret révélé
en 1846 et remis au Pape en 1851.
« Rome perdra la foi » ?
« Rome perdra la foi…
elle deviendra le siège de l’antéchrist… Il y aura une éclipse
de l’Eglise » :
ces paroles que la Sainte Vierge
aurait dites à Mélanie en 1846 sont reprises aujourd’hui,
par
certains, comme une prophétie
décrivant la situation actuelle de l’Eglise, la crise qu’elle traverse
et
qui est loin d’être terminée.
Pourtant, aucune des paroles
citées ci-dessus ne se trouve dans le texte authentique du secret
révélé à
Mélanie ; elles figurent dans le texte édité en 1879.
Dans le texte authentique
du secret révélé à Mélanie, il y a des
avertissements terribles et des
prophéties. Certaines se
sont réalisées : « Le pape sera persécuté
de toutes parts : on lui tirera
dessus, on voudra le mettre à
mort, mais on ne lui pourra rien, le vicaire de Dieu triomphera encore
cette fois » ; ou encore quand
il est question des persécutions qui s’abattront sur le clergé
et sa
cohorte de martyres. D’autres prophéties
ne se sont pas réalisées ou pas encore : « Paris […]
périra
infailliblement. Marseille sera
détruite en peu de temps » ou « Un grand roi montera
sur le trône, et
régnera pendant quelques
années ».
Le fidèle n’est pas
tenu d’accorder foi à la littéralité de tels textes
qui ne sont pas un complément
à la Révélation
de l’Evangile. Il serait téméraire, en revanche, d’en nier
l’authenticité.
Les prophéties de La
Salette, comme toutes les prophéties, sont conditionnelles («
s’ils ne se
convertissent pas […] si la face
de la terre ne change pas »). Saint Thomas, dans la Somme contre
les Gentils (l. III, ch. 154), rappelle
que la prophétie d’Isaïe sur la mort d’Ezéchias et celle
de Jonas
sur la destruction de Ninive ne
se sont pas réalisées, « selon l’opération de
Dieu qui libère et qui
guérit ».
Yves Chiron