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Abbé Hervé Belmont - Les catholiques de tradition à la croisée des chemins - Causerie amicale. Causerie amicale Saint-Maixant Mardi 26 juin 2012Plus
Abbé Hervé Belmont - Les catholiques de tradition à la croisée des chemins - Causerie amicale.
Causerie amicale
Saint-Maixant
Mardi 26 juin 2012
JeanBaptiste
Laurier
Réponse à AbbaPère :
Il ne PEUT y avoir de contradiction, donc il n’y a PAS de contradiction… On se trouve là encore dans des déductions qui s’écartent de la réalité et on tombe dans une sorte de malhonnêteté intellectuelle en essayant de nier l’évidence pour sauvegarder, pense t-on, la doctrine catholique...
Il n’y a pas de contradiction possible ? Mais, elle est dans les faits, dans le …Plus
Réponse à AbbaPère :

Il ne PEUT y avoir de contradiction, donc il n’y a PAS de contradiction… On se trouve là encore dans des déductions qui s’écartent de la réalité et on tombe dans une sorte de malhonnêteté intellectuelle en essayant de nier l’évidence pour sauvegarder, pense t-on, la doctrine catholique...
Il n’y a pas de contradiction possible ? Mais, elle est dans les faits, dans le sens obvie du texte ! On nage dans l’absurdité la plus totale, en voulant en quelque sorte marier l’eau et le feu !
D’ailleurs, première anomalie : une définition sur un point de Foi, tirée de la Révélation, et signée par le Pape (comme l’est la définition sur la Liberté religieuse) ne devrait pas pouvoir s’entendre de plusieurs manières, être équivoque, ambiguë, ouverte à plusieurs interprétations possibles et surtout contredire mot pour mot un précédent enseignement pontifical (comme c’est le cas ici) : donc, première anomalie. Si le Magistère infaillible d’aujourd’hui, par mesure d’exemple pour mieux comprendre, « définissait » que l’Enfer n’est pas absolument certain, et que cela est issu de la Révélation, sans autre précision, certains s’empresseraient de dire : ah, mais comme l’infaillibilité empêche que la Doctrine se contredise, il faut interpréter cette nouvelle définition en accord avec le Magistère précédent qui, lui, nous enseigne infailliblement de la certitude absolue de l’Enfer et de son caractère immuable et éternel. Autrement dit, il faudra marier l’eau et le feu, en tordant le sens obvie du texte le plus récent. Est-ce recevable une telle attitude ?
Et d’abord, comment est-ce possible !? Dans ces conditions, tout peut être enseigné et son contraire : l’enseignement de l’Église dans ces conditions n’est plus digne de confiance, et n’est plus digne de Foi. Que vaut un tel Magistère ? Le fidèle qui lit un enseignement, une définition sur un point de Foi, ne doit pas devoir se demander comment il faut l’interpréter : l’enseignement doit être clair et empêcher toute interprétation mauvaise, équivoque, ambiguë. Autrement, les fidèles pourront à loisir faire leur interprétation dans ce magma informel et déboucher sur des croyances fausses si ce n’est hérétiques. C’est cela la doctrine catholique : l’enseignement infaillible doit être clair et sans possibilité de mauvaise interprétation.
Donc, la tentative d’arranger les choses à ce niveau est défectueuse.
Le « passage décisif » que vous citez en vient à nier les faits, l’évidence ! Or, comme le dit saint Thomas d’Aquin, contre les faits, on argumente pas. Quand on lit QUANTA CURA et la définition DIGNITATIS HUMANAE PERSONNAE, on lit deux enseignements diamétralement opposés. Soit les mots n’ont plus de sens, le langage ne signifie plus rien de précis, soit il y a un problème réel.
Je pense personnellement que le problème est bien réel. Qu’un Concile œcuménique nous produise une définition sur un point de Foi, qu’il nous dit tiré de la Révélation (donc trois conditions qui entraîne normalement l’infaillibilité), complètement contraire à l’enseignement infaillible précédent, est une grave anomalie qu’il ne faut pas masquer. Là encore, c’est un fait, qu’il faut commencer par recevoir comme tel, sans se condamner, sinon, à ne plus voir clair du tout.
Pour sortir de cet inbroglio, il faudra une rectification très claire d’un futur Magistère pour expliquer à l’Église enseignée (et même enseignante) comment une telle contradiction a pu se produire, comment elle doit être corrigée, quelle implication sur les degrés d’infaillibilité, avec la condamnation des interprétations erronées qu’elle comporte du fait de sa formulation erronée, équivoque et ambiguë et l’exposition sans faille de la vraie doctrine à ce niveau.
Sans cela, la crise va perdurer, en toute logique… et ce ne sont pas des grandes phrases du genre à celles de l’abbé Lucien qui vont solutionner le problème ! Il est un peu osé d’écrire que la contradiction « doit être établie rigoureusement » en ajoutant « qu’il apparaît qu’aucun cas de ce genre ne s’est produit à Vatican II » !!! Ce même Abbé a en effet écrit un volume magistral sur la LIBERTÉ RELIGIEUSE établissant « rigoureusement » cette contradiction (cf. résumé du livre ci-dessous). Si maintenant, il vient nous dire l’inverse et avec aplomb, là encore, lui aussi perd tout crédit !… Vous pouvez lire encore l’étude de Mgr Lefebvre à ce niveau, tout à fait rigoureuse : « Mes doutes sur la Liberté religieuse »… et bien sûr le livre de l’Abbé Lucien, en espérant ne pas vous plonger dans un abîme de confusion… Mais, que voulez-vous, c’est aussi cela la crise actuelle de l’Église…

Laurier

Livres également disponibles aux ÉDITIONS D F T :

LIBERTÉ RELIGIEUSE DANS LA DOCTRINE CATHOLIQUE (LA), Grégoire XVI, Pie IX et Vatican II. Étude de l’abbé Bernard Lucien. Ce livre montre qu’il y a contradiction formelle entre la déclaration sur la liberté religieuse “Dignitatis Humanae Personnae” proclamée à Vatican II le 7 décembre 1965, et le Magistère antérieur. Corrélativement, l’auteur réfute les thèses de tous ceux qui, dernièrement, ont voulu faire croire qu’il y avait compatibilité entre la liberté religieuse et la Tradition. La lecture de cet ouvrage est indispensable pour justifier aux yeux de toute l’Église le combat doctrinal imposé par la foi théologale. La désertion récente de l’auteur n’enlève rien à l’argumentation imparable de cette étude absolument magistrale.
352 pages (1990), 16 x 24 cm. Éditions Forts dans la Foi. 25,00 EUR

LIBERTÉ RELIGIEUSE (LA), EXAMEN D’UNE TENTATIVE DE JUSTIFICATION, par les Abbés Belmont et Lucien. Le sous-titre : “Réponse au prieuré saint Thomas d’Aquin” (R.P. de Blignières) donne la note... Il s’agit en effet de réfuter les arguties doctrinalement mensongères des faux-frères qui ne voient désormais plus de contradiction entre “Dignitatis Humanae Personnae” du 7 décembre 1965 et le Magistère antérieur. Cette brochure qui réfute magistralement ce mensonge flagrant (présentant le Décret de Vatican II comme non-hérétique), a une portée singulière car elle est rédigée par deux prêtres qui ont suivi pendant des années le même cheminement que le Père de Blignières...
35 pages (1988), 15 x 21 cm. Auto-édition.
Laurier
Dans cette causerie, l’abbé Belmont insiste sur l’élément central pour ne pas perdre pied dans la crise actuelle : la doctrine, la Foi, la Tradition et le Magistère catholique. Mais quand il nous dit — par simple déduction — que les papes du Concile n’ont certainement pas l’autorité apostolique, est-il lui-même catholique ? Respecte t-il l’enseignement du Magistère catholique traditionnel …Plus
Dans cette causerie, l’abbé Belmont insiste sur l’élément central pour ne pas perdre pied dans la crise actuelle : la doctrine, la Foi, la Tradition et le Magistère catholique. Mais quand il nous dit — par simple déduction — que les papes du Concile n’ont certainement pas l’autorité apostolique, est-il lui-même catholique ? Respecte t-il l’enseignement du Magistère catholique traditionnel ?? D’abord, pour commencer, comment a-t-on la certitude d’avoir un vrai Pape ? Voilà une bonne question à laquelle il se garde bien de répondre… Il nous dit qu’un Pape ne se produit pas par un mode sacramentel. C’est juste, mais il devrait aussi enseigner qu’un vrai Pape ne tombe pas du Ciel par miracle, mais tout simplement en suivant la Constitution prévue à cet effet, produite par le Magistère catholique et dont la dernière en date est celle de Pie XII : Vacantis Apostolicae Sedis « Sur la vacance du Siège Apostolique et l’élection du Pontife Romain » du 8 décembre 1945 (disponible aux éditions D F T ), Constitution qui abroge tout autre disposition antérieure, pour « qu’elle soit utilisée seule ». Quand l’abbé Belmont écrit par ailleurs qu’il n’est pas possible de douter que Jean XXIII ait été vraiment Pape, il s’ensuit que le Pape qui a été élu lors du Conclave suivant, avec donc des cardinaux valides, et suivant cette Constitution de Pie XII, il ne fait pas de doute non plus — indépendamment de ce qui s’est passé par la suite — que l’élu du Conclave de juin 1963, intronisé et couronné dans une cérémonie solennelle comme jamais, ait été vrai Pape, au moins au début, à l’été 1963, où il faut quand même rappeler qu’à cette époque nous avions encore la vraie Messe, la vraie doctrine, les vrais sacrements, etc… Les « hérésies conciliaires » étant venues après, en 1965, et en 1969 pour la nouvelle Messe, et, cela va sans dire, n’ont pas d’effet rétroactif !

Dans le cours de sa causerie, il indique que c’est l’Église surtout qui nous donne la certitude qu’il soit bien prêtre, parce qu’il a été ordonné par un évêque ayant un mandat du Pape Pie XII. Et il indique que prétendre sauver l’Église en multipliant les évêques sans mandat apostolique est une erreur, une illusion. L’Église catholique est bâtie il est vrai sur le Pape, et que sans ce pouvoir apostolique qui nous vient des apôtres tout s’écroule.
A ce moment de l’exposé, j’aurais aimé lui demander : mais qui nous donne la certitude qu’un pape soit vrai Pape, au moins au moment de l’élection ? C’est une question fondamentale puisque tout dépend ensuite de son pouvoir apostolique. Là aussi, nous avons besoin d’une certitude à ce niveau puisque toute la vie de l’Église en dépend ensuite, la Foi, les dogmes, la juridiction, etc… Et qu’il est hors de question de faire du libre examen doctrinal pour voir ensuite, dans les mois et années qui suivent l’élection, à l’examen de l’enseignement du Pape, s’il est bien catholique ou non… et décider après (comme il le fait) s’il était bien Pape ou… non !?
Or, l’Église par la voie du Magistère catholique nous donne une réponse très claire à ce niveau. La Constitution de Pie XII déjà citée indique (chap. VII) qu’une fois l’élection canoniquement faite, le consentement de l’élu doit être demandé (acceptation du Pontificat) : « Ce consentement ayant été donné […] l’élu est immédiatement vrai pape, et il acquiert par le fait même et peut exercer une pleine et absolue juridiction sur l’univers entier.[1] »
Et pour appuyer l’autorité de cette Constitution, Pie XII écrit : « Nul n’aura le droit d’enfreindre ou de contrecarrer par une audace téméraire cette constitution portant Nos ordonnances, abrogations, décisions, censures, admonitions, interdictions, préceptes, volontés. Si quelqu’un osait le tenter, il encourra, qu’il le sache, l’indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul. »
Donc, dès l’acceptation de l’élu lors d’un Conclave avec des cardinaux valides (ce qui était le cas en 1963, puisque l’abbé Belmont nous dit par ailleurs que Jean XXIII était Pape), cet élu était donc immédiatement vrai Pape. En l’occurrence, il s’agissait du Pape Paul VI.
Ensuite, celui-ci a été intronisé, puis couronné dans une cérémonie très solennelle, et surtout toute l’Église catholique sans aucune exception l’a reconnu comme Pape. Il y a eu une reconnaissance universelle, une soumission de tous les cardinaux et évêques du monde, et cette reconnaissance est un fait dogmatique qui engage infailliblement. Reconnaissance universelle qui achève de nous donner une certitude quant à la personne du Pape puisqu’elle est même en mesure de “réparer” une éventuelle élection douteuse (règles de l’élection non respectées par exemple). Donc, en prenant appui sur le Magistère catholique et la doctrine la plus traditionnelle (exposée notamment par les cardinaux Journet et Billot), nous avons aussi la certitude que Paul VI était Pape à l’été 1963.
C’est aussi un point d’appui certain pour tenter de comprendre la crise actuelle de l’Église !
Paul VI aurait-il pu perdre néanmoins son Pontificat entre 1963 et 1965 ? Mais les théologiens nous disent qu’une fois Pape, celui-ci ne perd son Pouvoir Pontifical que pour trois causes bien définies : la folie, la démission, l’hérésie formelle (et non occulte) en tant que docteur privé et constatée officiellement (il serait alors déposé). Ce que nous n’avons pas vu lors du pontificat du pape Paul VI.
L’Abbé Belmont élude ce problème et pense pouvoir déclarer que Paul VI par exemple n’a jamais été Pape… Par simple déduction. Au nom, certes, d’autres principes catholiques, mais qui n’ont pas de force contraignante plus grande, et surtout sans aucune cause déterminée. Comme il le dit lui-même, la doctrine catholique est un tout et si l’on rejette un élément de cette doctrine, tout s’écroule et nous ne sommes plus vraiment catholiques. C’est pourtant ce qu’il fait en niant implicitement qu’un conclave de cardinaux valides suivant la Constitution de Pie XII pour l’élection du Pontife Romain, et reconnaissant unanimement ensuite l’élu comme Pape, ait finalement produit un… non pape ! Sans même nous en expliquer la raison au moment où cet élu est devenu Pape ! C’est particulièrement grave d’émettre un doute à ce niveau car ce doute entraîne que nous n’avons plus aucune certitude qu’un élu soit vrai pape, même si les règles de l’élection sont respectées ! Et ce doute couvre l’institution dans son ensemble, à savoir les papes du passé, du présent et du futur ! Sa supposition tue en quelque sorte dans l’œuf l’institution même de la papauté. Nous ne pourrons jamais avoir de certitude sur qui est vrai pape et qui ne l’est pas, si on nous dit qu’un conclave avec des cardinaux valides (puisqu’il affirme par ailleurs que Jean XXIII était bien pape), qui ont suivi la Constitution de Pie XII alors seule en vigueur, a produit un non-pape ! Sans parler de la reconnaissance universelle ensuite par toute l’Église de l’élu du conclave, fait dogmatique qui oblige reconnaît-il dans un autre texte…
En refusant de répondre à cette question cruciale, question qui n’est pas facultative, l’abbé Belmont professe indirectement des erreurs graves, des erreurs incompatibles avec la « monarchie pontificale » et le droit divin qui lui est lié. Et je ne vois pas en quoi ce serait moins grave que les erreurs professées par la FSSPX…
Voilà où nous en sommes « depuis des décennies »… sans pouvoir apporter d’un côté comme de l’autre de réponse ou de solution qui satisfasse à tous les principes catholiques et la Foi dans tous ses contours…
Oui, les « catholiques de tradition (sont bien) à la croisée des chemins »…

[1] Code de Droit canon, can. CIS 219.
Tonino
Merci Mr l'abbé.